mercredi 17 octobre 2012

Jour 3 – Mercredi (Onsdag)


Une matinée remplie des choses de la vie ordinaire, avec le rituel du lever plus ou moins matinal selon chacun, Øyvind qui lit le journal récupéré tôt le matin dans la boîte postale au bout de l’allée qui mène à la maison, le « petit déjeuner » fait d’échanges et de partage, qui réunit, prépare la journée, rassure et s’installera pendant les huit jours que durera notre séjour à Øyer.
Petite promenade à travers bois avec Øyvind et Mona jusqu’à la maison qui abrite les bureaux d’Øyvind, où nous avons pu consulter nos courriels. Beaucoup d’informations et d’annonces, mais pas d’urgence, je répondrai au message de Jean-Pierre Pascual une fois rentrée à Beyrouth.
L’une des deux jeunes femmes qu’Øyvind m’a présentée comme étant son assistante a gentiment contesté cette dénomination. « Son assistante ? » m’a-t-elle dit, « je suis plutôt sa servante ». Peut-être faisait-elle allusion à la fonction religieuse d’Øyvind ou jouait-elle sur les mots… Je ne sais. Et si Øyvind était embarrassé par cette mise au point, je dois dire qu’il le cachait bien…
Aujourd’hui je raconterai Ringebu (prononcer « ringuebu ») où nous avons passé une grande partie de la journée, dans l’atelier puis la maison d’un grand céramiste et sculpteur norvégien de renommée internationale, Torbjørn Kvasbø (prononcer Torbiyeurn Kvasbeu). 



















Torbjørn Kvasbø dans son atelier de céramique, tel que nous l'avons approché ce jour-là.

C’est un ami d’Øyvind pour qui il porte, de toute évidence, un grand respect et beaucoup d’admiration et qui vote pour le même parti de gauche, nous a-t-il dit. Il nous a accueillis avec beaucoup de simplicité et de convivialité. Øyvind semblait heureux et très fier du travail de cet artiste. Dans sa propre maison, il y a plusieurs œuvres de Kvasbø que nous avons pu admirer, belles et étranges à la fois. Anna m’a dit beaucoup que tous deux appréciaient son travail, d’autant que le céramiste lui a dit aimer ce qu’elle fait... Et il m’apparaît aujourd’hui qu’il est très bien côté parmi les céramistes et sculpteurs contemporains. L’Internet foisonne d’articles à son sujet et de photos de son travail.


 


















Ringebu est une région de fermes et de pâturages qui s’étend au nord d’Øyer, au centre  de la même vaste vallée de la Gudbrandsdalen, à quelque 50 Kms de Lillehammer. 
Les fermes ici dominent un paysage très varié et escarpé et se profilent jusque dans les replis et à l’ombre des montagnes. Nous sommes toujours dans le comté d’Oppland
Une petite précision linguistique : les Norvégiens emploient le terme « ferme », non pas au sens d’exploitation agricole strictement mais dans un sens générique, pour désigner un type d’habitation et un style de construction en longueur et tout d’un tenant, comparable en quelque sorte à un ranch américain dont les propriétaires n’élèveraient pas de vaches ni ne dresseraient des chevaux.
Grandes ou petites,
Plantées en bordure des lacs et des rivières (il existe plus d’une centaine de lacs dans cette région)
Disséminées sur les hauteurs
Nichées dans les gorges et les marais
Ces fermes s’occupent généralement de pêche et d’activités liées à l’agriculture et à l’élevage mais aussi à l’artisanat.
On y produit encore du fromage à l’ancienne, brun et sucré, au goût un peu étrange pour des gens qui le découvrent pour la première fois,
et aussi de l’essence de genièvre, celle-là même qu’on ajoute lors de la distillation de l’eau de vie fabriquée dans le pays, la fameuse « aquavit ».
Parfois ces fermes sont détournées de leurs fonctions initiales ; elles sont alors aménagées en refuges pour les skieurs solitaires, les touristes, parfois les simples randonneurs qui éprouvent le besoin de s’éloigner des soucis de la vie quotidienne et recherchent la solitude et un environnement favorable à la concentration et à la réflexion.
Les gens n’aiment pas trop se confier dans ces contrées. 
Leurs problèmes et difficultés, ils n’ont pas pour habitude de les partager et se retranchent dans la solitude pour les penser. D’une certaine manière, ils ressemblent à leurs montagnes dont ils ont su sauvegarder l’intégrité, grands, résistants et intègres…
Les fermes de Ringebu sont d’humbles bâtisses
Construites en marge des points d’eau, dans les clairières des forêts et les replis de montagnes,
Au sein d’une nature riche en faune et flore généralement inchangées,
Pénombre impénétrée que nul ne cherche à dominer, asservir
Des demeures qui visent l’éternité
Et qui durent depuis le fond des âges.
Le refuge de montagne dans lequel nous avons été reçus en fin d’après-midi (tous les autres cafés et hôtels de la région étaient fermés, les vacances étant déjà terminées) et demandé du café, des toasts et quelques douceurs devait certainement être une ferme à l’origine.
Il était équipé de grandes tables rustiques en bois, susceptibles d’accueillir une douzaine d’invités à la fois, un peu comme dans une grande famille étendue, d’une cheminée et d’un grand four à pain…
La dame qui nous a préparé notre goûter était douce et réservée, peu communicative. Quand j’ai été lui parler pour demander la note, elle m’a simplement dit qu’elle avait déjà été réglée.

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